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Le monde du livre

Auto-édition : Les pleins pouvoirs

Je suis ravie de vous retrouver pour étancher notre soif de réponses concernant cette jungle hostile que constituent les différents modes d’éditions.
Mon ami Zéli désespère et commence à baisser les bras… pourtant, je vous assure, son roman mérite vraiment de trouver ses lecteurs… et les lecteurs seraient enchantés de découvrir son travail.

Vous croyez également en votre roman ?

Il n’y a plus de place pour vous au sein de l’édition traditionnelle ? Et les offres proposant des contrats à compte d’auteur ne vous correspondent pas ?
Vous êtes prêt à retrousser vos manches pour aider votre roman à trouver ses lecteurs ?

Vous êtes au bon endroit.

Nous abordons aujourd’hui notre dernier mode d’édition qui est l’auto-édition et toute sa palette de possibilités.

L’auteur a tous les droits…

Contrairement à l’édition traditionnelle où l’auteur cède ses droits à l’éditeur, dans ce concept, il reste l’unique propriétaire de son ouvrage.
De plus, la propriété littéraire confère à tout auteur d’une œuvre de l’esprit le droit de la divulguer et d’en retirer un profit au travers du droit de reproduction qu’il peut exploiter par le biais de l’auto-édition. Il devient donc l’éditeur de son propre texte, il devient auteur indépendant. Ne vous y trompez pas, auteur-éditeur est un métier à part entière et surtout très complet.

Pas de droits d’auteur…

L’auteur-éditeur ne perçoit pas de droits d’auteur. Ses revenus résultent de la vente de ses livres. Généralement, un certain pourcentage est réservé à régler les taxes et impôts. Sur le taux restant, le ou les prestataire(s) sollicité(s) pour la commercialisation s’octroient également un pourcentage

Les avantages  ?

  • L’auteur conserve l’intégralité de ses droits.
  • L’auteur garde un contrôle total sur la conception du livre.
  • L’auteur peut proposer un ouvrage plus personnel, plus original ou n’entrant pas dans les cases de l’édition traditionnelle.
  • Il peut faire appel aux prestataires de son choix (ex : un illustrateur dont il apprécie le travail)
  • La rémunération peut s’élever jusqu’à 70 % du prix de vente.
  • La durée de commercialisation de l’ouvrage n’est pas soumise à la validité d’un contrat comme dans l’édition traditionnelle. L’auteur peut commercialiser son roman ad vitam si cela lui chante.
  • La commercialisation est très rapide (quand qu’elle peut s’étendre à plus d’un an par le circuit traditionnel).

Les contreparties  ?

Dans ce système, l’auteur-éditeur se doit d’être autonome sur tous les fronts. Il peut décider de tout réaliser lui-même ou bien faire appel à des tiers, comme des amis ou même des professionnels. Dans tous les cas, il demeure le chef d’orchestre.

  • Il se charge de la relecture/correction du texte.
  • Il réalise la maquette du livre ainsi que la couverture.
  • Il se charge de l’impression.
  • Il effectue les démarches administratives concernant la publication officielle comme les dépôts légaux.
  • L’auteur assure la promotion (service presse, publicité…).
  • Il organise ses interventions publiques (séances de dédicaces, salons).
  • Il assume la diffusion et la vente de son ouvrage.
  • Il doit tenir la comptabilité recettes/dépenses pour les déclarer aux services des impôts.

Ne pas confondre auto-édition
et auto-publication…

Étonnant ?
L’auto-publication consiste à diffuser tout simplement son écrit auprès du public généralement de façon gratuite. Certaines plateformes, présentées comme des réseaux sociaux, permettent d’offrir des écrits (achevés ou non) aux lecteurs de façon spontanée. Cette démarche n’inclut aucun service de relecture, de correction, de mise en page, d’illustration et de diffusion. Elle est donc accessible à tout le monde dans un moindre coût et dans un moindre effort, alors qu’avec l’auto-édition, comme son nom l’indique, l’auteur effectue un véritable travail d’éditeur.

Une réputation qui précède…

Le manque de reconnaissance est un aspect que l’on néglige parfois, mais qui peut constituer un inconvénient un peu lourd à porter, surtout au départ. Les étiquettes « médiocre » et « amateur » vous collent aux basques et sont chaudement entretenues par les professionnels du milieu.
Pour beaucoup d’éditeurs (surtout les anciens du milieu), le principe de l’auto-édition est une faute déontologique. Ils estiment que les textes auto-édités n’ont pas été choisis par les directeurs littéraires, les lecteurs des comités et qu’ils sont donc indignent d’apparaître sur le marché.
Toutefois, nous avons découvert lors de nos recherches passées, que beaucoup de bons ouvrages se font refouler parce qu’ils ne s’intègrent pas à la norme éditoriale ou parce qu’ils ne sont économiquement pas rentables en raison du marché de niche ciblé. Les ouvrages de nouveaux genres peuvent également se voir refermer la porte au nez en raison du risque financier encouru. J.K. Rowling a été rejetée par les maisons d’édition pendant dix ans avant de signer un contrat pour son jeune sorcier.

Par ailleurs, il n’est pas rare de voir un auteur auto-édité se faire approcher par une maison édition après avoir essuyé moult refus. Devons-nous comprendre que les avis des comité de lecteurs ne sont pas forcément représentatifs de l’opinion de l’ensemble des lecteurs français ?

N’oublions pas qu’il est aussi fréquent de voir des auteurs auto-édités ouvrir leur propre maison d’édition et contredire ainsi toutes les idées reçues… De plus, un certain nombre d’auteurs édités à compte d’éditeur choisissent l’indépendance après des années de déconvenue.

Trop de livres, pas assez de lecteurs…

D’aucuns prétendent que la conséquence directe à l’auto-édition est un excès du nombre de titres par rapport au nombre de lecteurs potentiels. Pourtant, les lecteurs français assidus peuvent dévorer plus d’une vingtaine de livres pas an…
Et si nous les laissions décider de ce qu’ils aiment, plutôt que de leur imposer ?

Les éditeurs traditionnels proposent de belles prestations et leurs différentes démarches sont bien rodées, mais ils représentent avant tout des entreprises lucratives que les ventes de livres auto-édités n’enrichissent pas… Les auteurs indépendants ont aussi la réputation de casser les codes, de remettre en question l’ordre établi ce qui, naturellement, ne peut pas être du goût de tout le monde.

Le problème récurrent…

Sans équipe pour tenir le front, il est parfois compliqué de soigner tous les aspects de l’édition…
Il fut un temps où les ouvrages auto-édités (souvent issus d’une impression numérique) souffraient d’une réputation de mauvaise facture face à l’impression Offset des éditeurs. Seulement, l’évolution des technologies offre désormais une impression de qualité égale. De plus, le système émergeant de l’impression à la demande a permis aux petites structures et aux indépendants de conquérir le marché du papier.

Il persiste toutefois une réelle contrainte, il s’agit des corrections orthographiques, typographiques, syntaxiques etc… Toute personne maîtrisant la langue est susceptible de commettre des erreurs sur un ensemble 400 pages. Et comme, la plupart du temps, l’auteur connaît son texte par cœur, le cerveau repère plus difficilement les fautes, notamment les coquilles.
Pour y remédier, plusieurs solutions sont possibles. L’auteur peut se munir d’un logiciel correcteur plus poussé que le standard de Word par exemple. Je pense notamment à Antidote qui est capable de relever les erreurs de langues, de typographie et les fautes de style (nous parlerons de cet outils plus en détails dans un autre article). Il peut également faire appel à un correcteur « humain », comme un ou des bêta-lecteur(s) à l’œil aiguisé et disposant d’une bonne maîtrise de la langue.

Plusieurs professionnels se sont même aventurés sur ce marché bien juteux. J’ai moi-même effectué des demandes de devis pour Délivrance. Pour ce tapuscrit de plus d’un million de caractères, j’ai reçus des devis allant de 1200 à plus de 4000€. Je me suis finalement tournée vers une maison d’édition locale qui m’a proposé une facture de 500€ pour une correction orthographique/typographique et le résultat est plus que satisfaisant.

Auto-édition oui, mais pas
n’importe comment.

Alors oui, la phase de relecture/correction est primordiale et ne doit pas être négligée, parce que si elle ne remet pas en cause la qualité de l’intrigue et la structure du roman, elle peut cependant décourager les lecteurs qui ne se priveront pas pour partager leur déception.

Concrètement, comment ça se passe ?

Le phénomène de l’auto-édition existe depuis les années 60, mais il a réellement pris son envol au début des années 2000 grâce au développement du marché du livre numérique. Depuis, de nombreuses plate-formes en ligne ont vu le jour pour aider ces auteurs parfois démunis devant l’ampleur de la tâche.

Simple et efficace…

L’auto-édition numérique libère l’auteur-éditeur des contraintes de l’impression du papier, de la diffusion par les réseaux traditionnels, ou de l’expédition par voie postale et permet un contact direct avec les lecteurs. Pour se faire, il vous suffit de télécharger un fichier Word (ou un fichier ePUB de préférence) de votre texte sur de nombreuses plates-formes spécialisées et votre roman sera disponible en ligne sous quarante-huit heures ! Ces libraires en ligne vous permettent ensuite de suivre l’évolution des ventes de votre ouvrage en créant simplement un compte auteur. De plus, au cours des dernières années, de nombreuses structures se sont imposées sur ce nouveau marché pour étendre l’offre à la publication papier. Une véritable révolution dans le domaine de l’auto-édition.

Qui sont-elles ?

Elles ont pour noms Lulu, Kobo Writing Life, Books on Demand, Kindle Direct Publishing, TheBookEdition, Librinova et bien d’autres… Ces plates-formes proposent leurs services pour publier votre ebook et même une version brochée pour certaines d’entre elles. Généralement, ces publications s’accompagnent d’une diffusion dans les marketplaces et/ou certaines librairies en ligne, voire un référencement chez Dilicom pour une visibilité auprès des librairies physiques avec prise en charge des commandes et de l’aspect logistique.

Ces structures peuvent se révéler des appuis très solides. Néanmoins, il incombe de nouveau à l’auteur de choisir avec soin son prestataire pour répondre au mieux à ses besoins.
Quel type de produits ?
Quel est le public visé ?
Comment l’atteindre ?
Nous analyserons plus en détail leurs prestations dans un prochain article.

Quelques graphiques pour éclaircir la répartition du prix HT d’un livre

Notes :
– Les pourcentages sur l’édition traditionnelle sont des moyennes communiquées par le Ministère Français de la Culture et de la Communication. Elles peuvent naturellement varier selon la catégorie éditoriale (art, bande dessinée, sciences humaines, encyclopédies…) et le format de l’ouvrage (beau livre, poche…), mais également selon les modalités de diffusion et de distribution du livre.
– Les pourcentages sur l’auto-édition sont observés sur un ouvrage broché de 500 pages publié via Kindle Direct Publishing et commercialisé 16€ HT.
– Une TVA à 5.5% s’ajoute au prix HT pour former le prix TTC.

Tout faire soi-même…

Un correcteur ou une solide équipe de bêta-lecteurs a lu, relu et corrigé à maintes reprises votre texte ?
Vous avez trouvé l’illustration idéale sur une banque d’image ?
Vous maîtrisez Photoshop ou GIMP pour confectionner la couverture de votre bouquin ?
Grâce à divers logiciels, vous avez pu établir une maquette bonne à imprimer de votre ouvrage ?
Alors vous pouvez aussi choisir l’option « do it yourself ».
Maintenant que vous avez tout ce qu’il faut sur votre clé USB, pensez à faire votre demande d’ISBN (voir l’article > Édition : Les démarches légales obligatoires) et filez voir votre imprimeur.

Vous avez désormais votre tirage en stock dans votre placard et il vous échoit alors d’assurer la diffusion, la distribution et la promotion de votre ouvrage. Vous pouvez donc démarcher les libraires pour leur proposer d’ajouter votre roman à leur catalogue. Vous pouvez aussi le référencer chez Dilicom notamment ou encore le proposer à la vente sur les marketplaces. Il faudra aussi vous organiser pour les expéditions postales vers vos lecteurs ou les points de vente. Ce sera l’occasion de leur envoyer en bonus une petite dédicace 😉 Au milieu de tout cela, il vous appartient aussi d’organiser vos interventions publiques (séances de dédicaces, salons).

En définitive…

Qui a dit que l’auto-édition était la solution de facilité ? Que nenni !
Certes, devenir auteur/éditeur ne s’apprend pas en un jour, il fut un temps, où les auteurs auto-édités manquaient d’informations et de moyens. Le travail qui pouvait en résulter (français approximatif, non-respect des bonnes pratiques de mise en page, couverture de mauvaise résolution, etc.) a terni la réputation de ces auteurs indépendants au fil des années.

Faut-il censurer les chanteurs débutant dans leur garage, le métro ou leur chaîne YouTube ? De Renaud à Ben Harper en passant par Téléphone, combien de grands artistes ont été découverts de cette manière ?

De nos jours, les aides à l’auto-édition fleurissent de partout (logiciels, structures spécialisées, free-lances). De nombreux professionnels se sont mobilisés sur ce marché pour accompagner ces auteurs désœuvrés, mais aussi pour éclaircir cet univers mystique et fermé de l’édition. Il est désormais à la portée de chacun de fournir un bon travail ou de se faire accompagner. Néanmoins, je ne vais pas vous leurrer, vous risquez de vous arracher les cheveux à bien des étapes et à moins que vous consacriez beaucoup d’énergie à la promotion de vos ouvrages, il est souvent difficile de se démarquer de tous les autres auteurs…
Nous avons vu précédemment que 67% des auteurs édités à compte d’éditeur étaient également contraints d’exercer une autre activité professionnelle pour vivre. Néanmoins, il se trouvent un certain nombre de romanciers auto-édités qui parviennent à vivre de leur écriture…

Quoi qu’il en soit, mon ami Zéli est plus déterminé que jamais. Maintenant qu’il a toutes les cartes en main, il va évaluer les différentes possibilités en fonction de ses attentes, du public ciblé et de ses ressources…

Et vous, pour quelle solution optez-vous ?

Cet article vous a plu ? Vous désirez découvrir d’autres informations utiles aux auteurs, des outils, des trucs et astuces ? Abonnez-vous à mon journal ! Zéli vous montre la marche à suivre tout en bas de la page.

Sources

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Mes experiences

Comment les maisons d’édition ont-elles fait de moi une romancière indépendante ?

Mon ami Zéli m’interroge souvent sur mon parcours d’autrice et il n’est pas le seul. Parmi toutes les questions, celle-ci se révèle très fréquente :

Pourquoi l’édition indépendante ?

Vous l’aurez bien compris avec ce titre, l’auto-édition n’était pas mon choix initial, mais soyons clairs, je n’ai aucun grief contre les éditeurs traditionnels.
Comme beaucoup d’auteurs novices et ignorants de toute la palette de solutions alternatives, j’ai voulu suivre le sentier bien tracé de l’édition traditionnelle et comme beaucoup d’entre eux, je me suis heurtée à des portes fermées, certes, mais aussi à des portes entrouvertes que je n’arrivais pas à franchir…

Tout a commencé comme ceci…

Comme vous le savez, l’écriture est une soupape vitale pour moi ! Je vous passe les détails clichés, contexte familial compliqué, enfant et adolescente introvertie, mais qui dissimule un volcan.
La cocotte minute, vous connaissez ? Je suis de cette espèce-là. Mon besoin d’écrire prend tout son sens, n’est-ce pas ?

Bref, si je fais le bilan, je dois comptabiliser une trentaine de récits inachevés — au bas mot ! — et deux tapuscrits en sommeil dans un tiroir. Pendant longtemps, cette passion est demeurée mon plus grand secret… parce qu’étonnamment, les personnes qui nous entourent sont plus facilement réceptives quand il s’agit d’évoquer un vague intérêt pour le football, qu’une passion dévorante pour l’écriture…

Tout a changé à l’âge de 21 ans, lorsque j’ai enfin osé me confier à mon compagnon… Ce fut un moment décisif dans ma petite vie bien rangée. Un grand moment de stress aussi…
Je me suis jetée à l’eau.
J’ai tout révélé… les fichiers cachés sur mon ordinateur, les clés USB, toutes les intrigues avortées à cause de toutes ces idées qui bourgeonnent…
Mon chéri a été parfait. Il a été ce dont j’avais besoin au moment où j’en avais besoin. Il m’a passé un savon à propos de mon système de sauvegarde informatique déplorable (ce sujet peut faire l’objet d’un autre article si vous le souhaitez), et il m’a surtout botté les fesses pour passer aux étapes supérieures, c’est-à-dire achever un roman, trouver au moins un bêta-lecteur et m’élancer sur le chemin de l’édition !

L’édition, cette jungle hostile.

Personnellement, je n’envisageais pas cette étape pour ce tapuscrit, je ne me sentais pas à la hauteur. De plus, il ne correspondait pas vraiment au genre que j’affectionnais et que je souhaitais développer puisqu’il avait été construit pour plaire à ma bêta-lectrice. Cependant, mes fans (se résumant à ma lectrice et mon compagnon) étaient unanimes, je devais tenter ma chance. L’idée de me confronter au regard des professionnels a été l’argument décisif. N’est-ce pas le désir de la plupart des auteurs du dimanche ? Tous ceux qui écrivent sur un coin de table et ne se sentent pas légitimes ?
Alors je l’ai fait.
J’ai cherché pendant des jours les éditeurs susceptibles d’accepter mon ouvrage dans leur catalogue. Le moins que l’on puisse dire, c’est que des offres en tout genre fleurissent partout, une véritable jungle hostile !
Connaissez-vous « Audace : l’annuaire des auteurs cherchant un éditeur » ? Il a été mon livre de chevet pendant des jours ! Des jours à éplucher, décortiquer, analyser pour lister les éditeurs « corrects », par là j’entends ceux proposant des contrats à compte d’éditeur (oui, j’étais jeune et pleine de préjugés comme tant d’autres personnes…).

Toutes mes investigations aboutissaient à la même conclusion, les contrats « à compte d’éditeur » constituaient le Saint-Graal des écrivains tandis que toute autre forme de contrat d’édition était inévitablement une arnaque.
Une fois ma liste établie, j’ai imprimé, relié mon tapuscrit à mes frais, parce qu’à l’époque la plupart des maisons d’édition exigeaient encore des documents papier, et procédé à plusieurs envois postaux, mais aussi par mail.
Et j’ai attendu.
J’ai attendu.
Longtemps.
Puis les lettres sont arrivées. Elles étaient un peu trop légères pour être concluantes. J’ai reçu précisément cinq courriers standards négatifs ne fournissant aucune explication sur les raisons du refus. La majorité des structures que j’ai contactées n’ont pas répondu. Seulement, un jour est arrivée une enveloppe kraft à soufflet d’un éditeur local.
Oui, oui, une grosse enveloppe !
Mes mains tremblaient tellement que je n’arrivais pas à l’ouvrir !
Que contenait-elle ? Le retour d’un comité de lecteurs, pardi ! Une copie double décortiquant mon récit dans les moindres détails. Imaginez mon excitation ! Le courrier joint énumérait les points positifs et soulevait quelques éléments à approfondir.
Enfin, je recevais une véritable expertise de mon travail !

De toutes petites cases…

Cette grosse enveloppe incluait un autre document, un contrat d’édition… à compte d’éditeur. Tous les éléments y étaient inscrits, la cession des droits, la prise en charge des frais d’édition par l’éditeur, la diffusion, la distribution, le pourcentage des droits d’auteur, le nombre d’exemplaires du premier tirage, le nombre d’ouvrages offerts, etc. La proposition était alléchante, vraiment alléchante. Ivre de joie, je me suis longuement entretenue au téléphone avec une personne qui m’a exposé les principales caractéristiques de mon récit en me précisant quelques détails à modifier dans mon intrigue. Finalement, après avoir légèrement tourné autour de pot, cette dame m’a annoncé que mon tapuscrit était beaucoup trop volumineux et donc pas rentable en l’état. Elle m’a expliqué qu’en l’éditant intégralement, un prix de vente à 25 € ne permettrait même pas d’amortir le coût de fabrication et que personne ne dépenserait un tel montant pour s’offrir le roman d’une inconnue…

Dans le domaine de l’édition, nous parlons en nombre de caractères, espaces compris, ou en nombre de mots. Pour vous donner un ordre d’idée, sachez que lorsqu’une maison d’édition accepte des volumes jusqu’à 600 000 ou 700 000 caractères c’est déjà beaucoup. Vous comprenez donc que mon ouvrage de plus d’un million de caractères ne rentrait pas dans les cases…

Je vous avoue que j’étais particulièrement démoralisée à cette annonce. Deux années de travail acharné pour construire mes personnages, tricoter un récit aux multiples péripéties et tout cela pour tout recommencer ? J’ai pourtant essayé. J’ai vraiment essayé de l’adapter. Hélas, il ne suffisait pas de couper le pavé en deux. Je devais remodeler toute la trame pour achever dignement un premier tome tout en conservant un contenu suffisamment consistant pour une suite. J’ai œuvré pendant des semaines avant de comprendre que mon intrigue ne se prêtait pas à une division et encore moins dans le délai imparti.
Je n’ai pas mené cette démarche à terme pour plusieurs raisons, d’une part la condition des 600 000 caractères n’était pas tenable, d’autre part, je dirais que cette offre est arrivée trop tard, presque un an après l’envoi de mon tapuscrit. Je travaillais déjà sur RÉSISTANCE qui correspondait bien mieux au genre que j’affectionnais et avec lequel j’envisageais un projet plus vaste s’étendant sur deux tomes. J’ai préféré me concentrer sur E16 en m’efforçant de me plier à cette norme des 600 000 caractères.

Même quand les portes de l’édition traditionnelle s’ouvrent, elles demeurent trop étroites…

E16, ce bébé trop imposant…

Malgré cette mise en garde, le récit d’E16 m’a également emportée et lorsque RÉSISTANCE a vu le jour, je me suis trouvée confrontée à la même problématique. Ce bébé pesait plus de 1 200 000 caractères, ce qui équivalait facilement à deux ouvrages…
J’ai de nouveau démantelé mon récit, pour réaliser rapidement qu’un autre découpage n’était pas envisageable. Je projetais déjà une série de deux tomes, qui s’est finalement transformée en trilogie, alors imaginez si j’avais dû diviser chacun de ces trois ouvrages ?
Pendant quelque temps, j’ai mal vécu cette situation ponctuée de doutes, aux prises une fois de plus avec ce satané syndrome de l’imposteur. Cependant, je voulais y croire, Hava, Tristan et Kyra méritaient que je me batte pour eux.
Qu’auriez-vous fait à ma place après deux années de travail acharné et l’envie irrésistible d’être lue et critiquée ?
Auriez-vous soumis votre ouvrage aux éditeurs traditionnels par acquit de conscience sans aucun espoir d’une réponse favorable ?
J’ai suivi une voie différente. J’ai commencé à fouiner et à distinguer des chemins parallèles. Ils étaient cachés, envahis par les broussailles et surtout sujets à controverse, mais j’ai pu constater qu’ils menaient bien à la même destination que le grand et beau sentier. J’y ai vu là une opportunité alternative pour présenter mes gros bébés à leurs parents d’adoption.

De multiples casquettes…

Auto-édition oui, mais pas n’importe comment. Au fil des années, j’ai apprivoisé ce système et appris les ficelles des différents métiers qui font tourner cette grosse machine qu’est le monde de l’édition. Aujourd’hui, je porte plusieurs casquettes, je suis autrice, j’effectue une première relecture/correction et j’analyse également le fichier final après la mise en page, juste avant l’envoi à l’impression.
Je suis l’inspectrice des travaux finis.

Mais je ne travaille pas seule…

Mon compagnon, grâce à son métier de chef de projets, a naturellement pris en charge tout l’aspect informatique. D’ailleurs, je le remercie pour ce site superbe. Il a également développé plusieurs programmes pour automatiser la phase de mise en page d’ordinaire très laborieuse.

Je suis aussi entourée d’un graphiste qui a élaboré les couvertures d’E16 et donne vie aux articles du journal d’un habile coup de crayon.

Je fais aussi appel à une équipe de trois personnes qui portent leur regard affûté sur mes écrits pour en chasser les coquilles et tout élément susceptible de vous importuner pendant votre lecture.

De mon côté, je travaille toujours pour optimiser ma méthode et écourter mes récits, je pense être sur la bonne voie et je ne désespère pas de me rapprocher des « normes » établies par le strict milieu de l’édition. Cependant, en attendant, dans ma situation, et tant que je n’ai pas complètement réglé mon problème de « volume », l’option de l’édition numérique et de l’impression à la demande reste la plus adaptée à mon profil. De plus, elle ouvre bien d’autres perspectives intéressantes, par exemple l’édition audio…

Mon petit Zéli s’inquiète… Il pense achever prochainement son manuscrit et commence à rêver d’édition, seulement de telles restrictions le préoccupent. Il aimerait approfondir le sujet des modes d’éditions. Vous aussi ? Super ! Dans ce cas, nous aborderons cette thématique dans les prochains articles.

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